dimanche 24 janvier 2021

Covid — Baisse de cas malgré les Fêtes et les vacanciers dans le Sud (plateau dès avant couvre-feu)

Il fallait s’y attendre : M. Legault salue le succès de son couvre-feu (soyez assurés que si le nombre de cas avait augmenté cela aurait été de la faute de l’indiscipline de ses administrés) :

« Avec le couvre-feu, on a réduit le nombre de cas. »

Les mots sont du Premier ministre François Legault et ont été écrits samedi matin dans un message transmis à la population sur ses réseaux sociaux. Mais selon des experts consultés par Radio-Canada, « on ne sera jamais capable » de faire un tel lien de causalité sans considérer les autres efforts demandés aux Québécois.

Si l’on ne sait pas si le couvre-feu a accéléré la décrue déjà observable avant la mise en place du couvre-feu, on devrait savoir combien il coûte à l’économie québécoise. Monsieur Legault pourrait-il nous fournir ces chiffres ? Quel est le coût économique d’une semaine de couvre-feu ?

 

Notons que les gens en temps de pandémie prennent naturellement des mesures d’évitement. Cela a été le cas en Amérique du Nord dès l’annonce de la pandémie et avant toute mesure gouvernementale (chute du nombre de déplacements en avion, -40 % dès le 15 mars) ou en Suède qui n’a jamais confiné (baisse du nombre de voyages en train dès le début mars 2020, voir aussi la note ci-dessous).

Il faut se demander si, une fois les plus importantes mesures d’évitement mises en place (interdiction de gros rassemblement, le port du masque, la distance entre les gens, le lavage des mains), les autres mesures (couvre-feu, confinement, fermeture de restaurants, des églises bien aérées) n’ont plus que des effets marginaux difficiles à quantifier sur le plan épidémique, mais ces mesures ne sont pas dénuées d’importants coûts économiques et sociaux.

Un des éléments qui tend à étayer la notion de rendement marginal décroissant des mesures contre la pandémie est la convergence que l’on observe dans le taux de décès en Europe occidentale entre les pays qui ont mis en place un nombre minimal de mesures (l’exemple emblématique étant la Suède : interdiction des grands rassemblements, distanciation et masques dans les transports en commun) et ceux qui ont mis en place nettement plus de mesures (couvre-feu, masque obligatoire à l’extérieur, restaurants fermés, gyms fermés, écoles fermées, confinement plus strict de la population).

Note

Extrait d’un article paru ce mois dans Journal of Public Economics, Volume 193, January 2021, 104 311.

« Cet article examine les moteurs du ralentissement économique à l’aide des données enregistrées sur les téléphones cellulaires sur les visites des clients dans plus de 2,25 millions d’entreprises individuelles dans 110 secteurs différents. La comparaison du comportement des consommateurs pendant la crise dans les mêmes zones de navettage, mais à travers les frontières des États et des comtés avec des régimes politiques différents suggère que les ordonnances de fermeture légale ne représentent qu’une part modeste des changements massifs du comportement des consommateurs (et que suivre les prescriptions d’ordre politique au niveau du comté est plus précis que d’effectuer ce suivi au niveau de l’État ou du pays). Alors que les déplacements globaux des consommateurs avaient baissé de 60 points de pourcentage, les restrictions légales n’expliqueraient que 7 % de ces 60 %. Les choix individuels étaient beaucoup plus importants et semblent liés aux craintes d’infection. Les déplacements ont commencé à baisser avant que les décrets ne soient en place ; la baisse était fortement influencée par le nombre de décès par COVID signalé dans le comté ; ils démontraient un changement net de la part des consommateurs des magasins plus achalandés et plus encombrés vers des magasins plus petits et moins fréquentés dans le même secteur. »


Billet du 19 janvier

Nouveaux chiffres confirment la tendance identifiée la semaine passée :

 

En chiffres : 


  Date de
déclaration
du cas  
  Par lien
épidé­mio­lo­gique  
En
laboratoire
  Moyenne mobile (7 jours)  
17/12/2020 29 2302 2046,71
18/12/2020 23 2111 2078,57
19/12/2020 8 2057 2132,57
20/12/2020 23 1952 2148,86
21/12/2020 11 2107 2162,43
22/12/2020 22 2150 2189,14
23/12/2020 11 2236 2194,71
24/12/2020 7 2419 2221,57
25/12/2020 8 2313 2249,86
26/12/2020 15 2089 2350,29
27/12/2020 14 2149 2432,57
28/12/2020 9 2307 2449,14
29/12/2020 31 2844 2511,57
30/12/2020 29 2794 2555
31/12/2020 13 2529 2556,43
01/01/2021 22 2736 2591,14
02/01/2021 16 2392 2551,43
03/01/2021 19 2154 2559,71
04/01/2021 19 2540 2603,14
05/01/2021 17 2580 2603,29
06/01/2021 4 2877 2547,86
07/01/2021 7 2839 2529
08/01/2021 10 2749 2419,57
09/01/2021 15 2005 2364
10/01/2021 11 2030 2243
11/01/2021 14 1779 2120
12/01/2021 19 2189 1988,14
13/01/2021 15 2019 1976,43
14/01/2021 19 1966 1902
15/01/2021 17 1819 1765,29
16/01/2021 15 1923
17/01/2021 19 1501
18/01/2021 16 820


 
On voit que la moyenne mobile de 7 jours (avec plusieurs jours de recul) a atteint un plateau depuis le 1er janvier et que le nombre quotidien de cas est en baisse depuis le 6 janvier.


Article du 15 janvier

Le 5 janvier 2021, un sondage de la firme Léger nous apprenait que 46 % des Québécois disaient avoir rendu visite à leurs proches pendant les Fêtes de fin d’année.

Rappelons que les rassemblements pendant la période des Fêtes étaient interdits sauf pour les personnes seules qui, elles, pouvaient visiter les membres d’une autre bulle familiale et cette bulle devra toujours être la même durant cette période de « coconnage », soit du 17 décembre 2020 au 10 janvier 2021 inclusivement.

Le même mardi 5 janvier, Caroline St-Hilaire avec Benoit Dutrizac sur QUB radio (à 5 min) rappelait que ces gens n’avaient pas respecté les règles et que « ça commence à faire beaucoup de monde, beaucoup de petites tricheries, on les voit les conséquences aujourd’hui, elles sont claires. »

Les symptômes se développent en moyenne de 5 à 7 jours après la contamination, mais peuvent aller de 2 à 12 jours. Il faut, en outre, trois ou quatre jours pour récolter tous les chiffres à travers la province. (Site québec. ca/santé)

Or que voit-on ? Aucune hausse des cas, un plateau et même une baisse depuis quelques jours.

En chiffres : 


  Date de
déclaration
du cas  
  Par lien
épidé­mio­lo­gique  
En
laboratoire
  Moyenne mobile (7 jours)  
17/12/2020 29 2302 2047,71
18/12/2020 23 2110 2079,29
19/12/2020 8 2058 2132,86
20/12/2020 23 1954 2148,71
21/12/2020 11 2106 2162,29
22/12/2020 22 2148 2184,71
23/12/2020 11 2236 2190,14
24/12/2020 7 2419 2216,57
25/12/2020 8 2282 2245,14
26/12/2020 16 2088 2345,57
27/12/2020 14 2148 2428,43
28/12/2020 9 2308 2445
29/12/2020 31 2842 2511,71
30/12/2020 31 2796 2555,29
31/12/2020 12 2530 2557
01/01/2021 22 2735 2591,86
02/01/2021 16 2393 2552,43
03/01/2021 18 2156 2560,86
04/01/2021 20 2541 2600,14
05/01/2021 17 2580 2599,71
06/01/2021 5 2881 2543,57
07/01/2021 8 2809 2524,86
08/01/2021 9 2745 2414,71
09/01/2021 16 2000 2354
10/01/2021 8 2035 2128,43
11/01/2021 19 1771
12/01/2021 23 2149
13/01/2021 14 1293

On voit que la moyenne mobile de 7 jours (avec plusieurs jours de recul) a atteint un plateau depuis le 1er janvier et que le nombre quotidien de cas est en baisse depuis le 6 janvier.

Il semble donc, en prenant en compte la période d’incubation du virus et de l’apparition des symptômes, n’avoir eu aucune hausse de cas significative depuis Noël et le Nouvel An, on a plutôt atteint un plateau, voire une lente baisse. Ceci intervient avant l’entrée en vigueur du couvre-feu le samedi 9 janvier à 20 heures ; ses effets n’apparaîtront dans les statistiques que dans quelques jours.

Pourquoi ? Alors que « ça commence à faire beaucoup de monde [qui ne respectent pas les consignes], beaucoup de petites tricheries, on les voit les conséquences aujourd’hui, elles sont claires », comme le déclarait Caroline Saint-Hilaire ?

Une hypothèse pourrait être que les gens qui ont accueilli leur famille ou des amis (les 46 % qui l’avouent, peut-être plus dans les faits) ont en fait reçu des gens proches avec qui ils avaient déjà eu de nombreux contacts. Ils formaient déjà en quelque sorte une bulle élargie qui n’a pas accéléré la diffusion du virus. Au contraire, la période des Fêtes en limitant les autres contacts, notamment professionnels, les gens prenant congé, pourraient expliquer la lente décrue observée pour l’instant.

 
Voir aussi

Un rassemblement de six (6) personnes dans une résidence de Gatineau a donné lieu à une intervention policière qui a rapidement dégénéré, dans la soirée du 31 décembre, et un homme a même été arrêté. Appelé à s’expliquer, le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) a reconnu être intervenu jeudi soir, vers 23h10, dans une résidence de la rue Le Baron, après la plainte d’un citoyen. «L’approche préconisée était préventive. Les agents ont sollicité leur collaboration pour mettre fin au rassemblement, mais ils ont eu une fin de non-recevoir», a commenté le lieutenant Éric Simard.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

L’explosion anticipée de cas parce que les récalcitrants se sont rassemblés à Noël et que les «touristatas» et autres « cividiots » revenaient de voyage ne s’est jamais produite.

Le couvre-feu devient donc encore plus injustifié et indéfendable.